C’est un avis partagé par beaucoup d’observateurs : le dernier week-end a été le meilleur de l’histoire des éliminatoires de la NFL, rien de moins. La barre sera donc haut placée pour ce dimanche. Voici notre analyse des forces en présence dans le match de championnat de l’Américaine entre les Bengals de Cincinnati et les Chiefs de Kansas City.
Qui aurait parié sur les Bengals ?
L’adage selon lequel l’attaque vend des billets et la défense gagne des championnats est-il toujours aussi vrai ? La finale de l’AFC, qui sera disputée dimanche à 15 h, mettra aux prises des équipes qui possèdent deux des attaques les plus redoutables de la NFL. Elles ont aussi des défenses respectables, mais qui, avouons-le, ne seront jamais confondues avec le « Steel Curtain ».
Soyez honnête, qui aurait parié que les Bengals de Cincinnati – les très verts Bengals de Cincinnati – feraient partie du carré d’as lorsque le botté d’envoi a été donné en septembre ? La plupart des gens – et peut-être même les Bengals eux-mêmes – auraient considéré une saison de six ou sept victoires comme une belle progression. À ses deux premières saisons sur les lignes de côté, Zac Taylor avait gagné 6 matchs sur 32 et semblait beaucoup plus près du chômage que des séries.
Mais comme c’est souvent le cas dans la NFL, tout a complètement changé dans le temps de le dire. Après une saison de 10-7, les Tigrés ont gagné leur premier match éliminatoire depuis janvier 1991, il y a deux semaines. Taylor et les Bengals ont fait une petite tournée de restaurants et de bars après leur victoire contre les Raiders de Las Vegas, question de remettre quelques ballons de match aux partisans du club. Une façon de les remercier pour leur patience. C’est effectivement très long, 31 ans. Au début de 1991, Kurt Cobain était encore à huit ou neuf mois de devenir une vedette internationale.
Souvenir d’Ochocinco
La grande étoile du club, le quart-arrière Joe Burrow, a également dit après cette victoire face aux Raiders que c’est de cette façon que les choses se passeraient dorénavant. Qu’il fallait s’habituer à voir les Bengals gagner à partir de maintenant. Ceux qui se souviennent bien de l’époque de Chad Ochocinco Johnson et de Carson Palmer ont sûrement souri un brin en prenant connaissance des propos de Burrow.
Après avoir battu les Steelers à Pittsburgh en 2005, une victoire qui confirmait le championnat de division des Bengals, Johnson avait comparé les Steelers à la télé en noir et blanc, et les Bengals à l’avènement de la télévision en couleurs. Pittsburgh a gagné le Super Bowl deux mois plus tard, puis un autre trois ans après. Cincinnati n’a pas gagné un match de séries dans les 16 années suivantes.
Mais les Bengals sont allés éliminer les Titans au Tennessee après les commentaires de Burrow. Mention d’aide à Ryan Tannehill, certes, mais quand même. La victoire des Bengals a démontré qu’on ne pouvait plus les prendre à la légère et les surnommer les chatons. Fini ce temps-là. Les Bengals ne craignent plus personne et ont déjà fini de faire leurs griffes.
Des fiches perdantes en séries
Jusqu’où les Bengals peuvent-ils se rendre ? Au Super Bowl dès cette année ?
Pour une organisation qui n’a gagné que sept matchs éliminatoires dans son histoire, c’est déjà un exploit considérable d’atteindre le match de championnat de sa conférence. Sa fiche en séries n’est que de 7-14.
Les Bengals n’ont jamais gagné le Super Bowl. Ils se sont inclinés devant la dynastie des années 1980, les 49ers de San Francisco, à deux occasions en finale (1981 et 1988). Ils n’ont jamais été aussi près d’y retourner.
Dimanche, ils seront toutefois au Arrowhead Stadium à Kansas City, où sera disputée une quatrième finale de suite de l’Américaine. Vaincus par les Patriots de la Nouvelle-Angleterre il y a trois ans, les Chiefs ont gagné les deux dernières contre les Titans (2019) et les Bills de Buffalo (2020).
Même s’ils ont gagné 8 des 10 matchs éliminatoires qu’ils ont disputés depuis que Patrick Mahomes est aux commandes de leur attaque, les Chiefs ont une fiche perdante en séries, eux aussi (17-20). Les probabilités que ça change au cours de la prochaine décennie pour les deux équipes, qui s’apprêtent à s’affronter pour la première fois dans un match éliminatoire, sont toutefois très bonnes grâce à Burrow et à Mahomes.
Comme dans un jeu vidéo
Très bon en deuxième moitié de saison, Mahomes est excellent depuis le début des séries. Il a offert des performances quasi parfaites contre Pittsburgh et Buffalo, totalisant 782 verges aériennes, 8 touchés et 1 interception, tout en réussissant 75,9 % de ses passes (63 en 83). Bref, on revoit le quart-arrière qui semble être un joueur dans un jeu vidéo.
Même s’il a été victime de cinq sacs dans ces deux rencontres, Mahomes a généralement été bien protégé par sa ligne. Et lorsque des joueurs défensifs semblaient être sur le point de lui mettre la main au collet, Mahomes a déguerpi et fait rager l’adversaire avec ses jambes : 98 verges et 1 touché au sol.
Tout l’arsenal de l’attaque des Chiefs joue bien. Mahomes, Tyreek Hill, Travis Kelce, Mecole Hardman, Byron Pringle et les demis offensifs, Jerick McKinnon en tête. Quand c’est le cas, il devient pratiquement impossible d’arrêter cette attaque.
Le mieux qu’on puisse espérer, c’est de provoquer un revirement occasionnel, d’éviter d’accorder des touchés faciles et de bien jouer dans la zone rouge.
Pour la défense des Bengals, la performance de sa tertiaire sera déterminante dimanche après-midi. Jessie Bates III, Chidobie Awuzie, Mike Hilton, Eli Apple et Von Bell devront tous exceller durant les 60 minutes de jeu ou plus.
Une ligne pleine de trous
Si les Bengals veulent participer au Super Bowl pour la première fois en 33 ans, leur ligne offensive devra mieux jouer qu’elle l’a fait samedi dernier à Nashville, ça, c’est sûr. Les Titans ont fini le match avec neuf sacs, égalant ainsi un record de la NFL pour un match de séries.
Le suspense ne durera pas longtemps si Chris Jones, Frank Clark et Melvin Ingram peuvent s’en donner à cœur joie en malmenant Burrow derrière sa pochette. Mais si ce dernier et le reste du noyau offensif peuvent manœuvrer, les Bengals sont certainement assez talentueux pour tenir le coup dans un festival offensif.
Ils l’ont d’ailleurs prouvé le 2 janvier en défaisant les Chiefs 34-31, à Cincinnati. C’est grâce à cette victoire, qui a aussi été la seule défaite des Chiefs à leurs 12 derniers matchs, que les Bengals se sont assurés du championnat de leur division. Andy Reid a dit plus tôt cette semaine que ce n’était pas par chance que les Bengals l’avaient emporté contre son équipe. Les Chiefs ne les prendront donc nullement à la légère. Contrairement à ce qu’a fait Tannehill le week-end dernier, Mahomes ne fera pas perdre son équipe en faisant des cadeaux aux Bengals. Ou s’il le fait, il ne tardera pas à se racheter… Les Bengals sont bons, mais les Chiefs sont meilleurs. Ils atteindront le Super Bowl pour la troisième année de suite.
Finale de la Conférence américaine : Bengals de Cincinnati c. Chiefs de Kansas City, dimanche 15 h
Notre prédiction : Bengals 24, Chiefs 34
Notre analyse de la finale de la Conférence nationale entre les 49ers de San Francisco et les Rams de Los Angeles sera dans notre numéro de dimanche.
Les Chiefs de Kansas City 101
Pour l’amateur de football occasionnel, ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver en regardant un match de la NFL. Il y a approximativement une trentaine de joueurs qui jouent un rôle important dans chacune des équipes, qui en comptent 53 au total. Question de rendre le dimanche des finales de conférence plus intéressant pour les néophytes ou les gens qui ne suivent pas la NFL religieusement, voici 10 joueurs à connaître chez les Chiefs de Kansas City (5 en attaque et 5 en défense).
En attaque
Patrick Mahomes (quart-arrière)
Si vous ne connaissez pas Mahomes, c’est dire qu’on part de très loin… Mahomes dispute sa cinquième saison et sa quatrième dans le rôle de quart partant des Chiefs. Lors de ces quatre saisons, il a mené les Chiefs jusqu’à la finale de la Conférence américaine chaque fois. Dans les 10 premiers matchs éliminatoires de sa carrière, il a lancé 25 passes de touché, ce qui est un record. Drew Brees et Kurt Warner en avaient lancé 23. Peut-être le quart le plus doué de l’histoire.
Travis Kelce (ailier rapproché)
Kelce n’est pas l’ailier rapproché le plus complet de la NFL, ce titre revient plutôt à George Kittle, des 49ers de San Francisco. Comme receveur, il est toutefois l’ailier rapproché par excellence de la ligue. Kelce est un vrai cauchemar pour les défenses adverses puisqu’il est à la fois un trop bon athlète pour être couvert par des secondeurs de ligne et trop imposant pour la grande majorité des demis défensifs. Il est toujours à son sommet dans les moments les plus importants.
Tyreek Hill (ailier espacé)
En raison de son très lourd passé à l’extérieur du terrain, Hill ne sera jamais aimé ou même respecté par bien des gens, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais si on sépare le joueur de l’individu, Hill est un talent exceptionnel. Non seulement est-il le joueur le plus rapide et explosif du circuit, il est aussi capable de se revirer sur un 10 cents et de repartir aussi vite. Il est donc extrêmement difficile à contenir.
Creed Humphrey (centre)
Choisi avec l’avant-dernier choix du deuxième tour en avril dernier, Humphrey a été l’un des bons centres de la ligue dès sa saison initiale. Le produit des Sooners de l’Université de l’Oklahoma joue avec l’assurance d’un joueur aguerri et a apporté de la stabilité au milieu de la ligne des Chiefs. La présence de Joe Thuney à sa gauche a sûrement beaucoup aidé sa transition dans les rangs professionnels.
Joe Thuney (garde à gauche)
Un ancien des Patriots qui a gagné deux fois le Super Bowl en Nouvelle-Angleterre, Thuney a été acquis sur le marché des joueurs autonomes pour un joli salaire annuel de 16 millions. Après la contre-performance de leur ligne offensive lors du dernier Super Bowl, les Chiefs n’ont pas lésiné afin d’améliorer l’unité : ils ont échangé leur premier choix pour le bloqueur à gauche Orlando Brown fils, ont choisi Humphrey au deuxième tour et ont consenti un contrat de 80 millions à Thuney.
En défense
Chris Jones (plaqueur)
De loin le meilleur joueur défensif des Chiefs. Jones a raté quelques matchs et n’a pas connu sa meilleure saison en 2021. Mais si vous regardez le jeu de la première ligne de la défense des Chiefs, vous verrez presque toujours le numéro 95 au milieu de l’action s’il n’est pas sur les lignes de côté. Jones est le catalyseur de la défense des Chiefs, et a totalisé 49,5 sacs et 10 échappés provoqués en 6 saisons.
Frank Clark (ailier défensif)
Il y a un peu moins de trois ans, les Chiefs ont accepté d’échanger un premier et un deuxième choix aux Seahawks de Seattle afin d’obtenir Clark. Ils lui ont ensuite accordé un contrat de cinq ans d’une valeur de 105,5 millions, dont 63,5 garantis. Mais après avoir totalisé 33 sacs à ses trois saisons précédentes à Seattle, Clark n’en a obtenu que 18,5 à ses trois premières chez les Chiefs. Qui plus est, son total a diminué à chacune de celles-ci. Cela dit, Clark est le genre de joueur qui peut changer l’allure d’une partie à lui seul avec quelques jeux clés.
Nick Bolton (secondeur extérieur)
Une recrue qui a excellé à sa première saison et qui se démarque de plus en plus souvent. Bolton est robuste, très actif près de la ligne de mêlée et très compact dans ses mouvements. Il devrait être un pilier de la défense des Chiefs pour de nombreuses années. Peut-être parce qu’il n’est pas très grand pour un secondeur (6 pi), Bolton n’a été que le 58e espoir sélectionné en 2021.
Tyrann Mathieu (demi de sûreté)
Mathieu a subi une commotion cérébrale tôt dans le match de dimanche dernier contre les Bills, mais les Chiefs étaient optimistes qu’il puisse affronter les Bengals. Surnommé le honey badger (le blaireau) lorsqu’il était un joueur étoile dans la NCAA, Mathieu est le meneur de la tertiaire des Chiefs mais ne s’attend pas à être de retour avec l’équipe l’an prochain. Il obtiendra son autonomie en mars et il ne croit pas que les Chiefs accepteront de le payer au salaire qu’il estime mériter.
Charvarius Ward (demi de coin)
Un autre demi défensif de l’équipe qui pourrait devenir joueur autonome dans moins de deux mois, Ward forme un très bon duo de demis de coin avec L’Jarius Sneed. Les deux joueurs se valent, mais Ward est peut-être légèrement supérieur. Peu importe lequel est le meilleur, les Chiefs sont heureux de pouvoir compter sur deux demis de coin supérieurs à la moyenne.
Les Bengals de Cincinnati 101
Pour l’amateur de football occasionnel, ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver en regardant un match de la NFL. Il y a approximativement une trentaine de joueurs qui jouent un rôle important dans chacune des équipes, qui en comptent 53 au total. Question de rendre le dimanche des finales de conférence plus intéressant pour les néophytes ou les gens qui ne suivent pas la NFL religieusement, voici 10 joueurs à connaître chez les Bengals de Cincinnati (5 en attaque et 5 en défense).
En attaque
Joe Burrow (quart-arrière)
Premier choix du repêchage de 2020, Burrow devrait être l’un des 5 meilleurs quarts-arrière de la NFL pour les 10 ou 15 prochaines années. Ses principales forces sont la précision de ses passes, son sang-froid, son courage derrière sa pochette et une confiance qui frôle parfois l’arrogance. Burrow peut également gagner des verges avec ses jambes si l’occasion se présente, ce qui est pratiquement essentiel dans le football d’aujourd’hui.
Ja’Marr Chase (ailier espacé)
Ancien coéquipier de Burrow chez les Tigers de l’Université d’État de la Louisiane (LSU), Chase est en voie d’établir une nouvelle marque en phase éliminatoire pour un receveur de première année. Cinquième espoir sélectionné dans l’encan de 2021, Chase a totalisé 225 verges aériennes depuis le début des éliminatoires. Le record appartient à Torry Holt, qui avait obtenu 242 verges avec les Rams de St. Louis dans les séries de la saison de 1999.
Joe Mixon (demi offensif)
Mixon a terminé troisième pour les verges au sol durant la saison avec 1205. Un porteur de ballon complet, Mixon est également très efficace dans le jeu aérien. Sa présence dans le champ arrière facilite le travail de Burrow et du jeu de passe dans son ensemble puisque l’adversaire doit positionner assez de joueurs près de la ligne de mêlée afin de pouvoir le contenir.
Tee Higgins (ailier espacé)
Deuxième choix du club en 2020, Higgins est particulièrement difficile à couvrir en raison de sa taille de 6 pi 4 po et de sa capacité à gagner ses batailles individuelles lorsqu’il est la cible sur des passes en hauteur (jump balls). Higgins et Chase devraient faire partie des bons duos d’ailiers espacés du circuit pour de nombreuses années.
Jonah Williams (bloqueur à gauche)
Choix de premier tour des Bengals en 2019, Williams a raté toute sa première saison en raison d’une blessure à un genou. La ligne offensive est la grande faiblesse des Bengals, surtout le côté droit, mais Williams devrait devenir un joueur fiable. Si l’ancien du Crimson Tide de l’Université de l’Alabama n’est pas assez efficace pour protéger l’angle mort de Burrow, il sera probablement muté à un poste de garde.
En défense
Trey Hendrickson (ailier défensif)
Comme vous avez pu le constater en lisant sur leurs principaux joueurs offensifs, les Bengals ont investi plusieurs choix haut placés de ce côté du ballon au cours des dernières années. Ils se sont plutôt tournés vers le marché des joueurs autonomes afin d’améliorer leur défense, l’hiver dernier. Hendrickson a été leur plus grosse prise et est vite devenu leur meilleur chasseur de quarts (15 sacs cette saison en incluant les éliminatoires).
Logan Wilson (secondeur extérieur)
C’est toute une cuvée de joueurs qu’ont récoltée les Bengals au repêchage de 2020. Après Burrow et Higgins, ils ont choisi Wilson, qui s’illustre de plus en plus souvent, au troisième tour. Wilson a réussi 7 interceptions à ses 27 premiers matchs dans la NFL, dont 1 dans la partie de la semaine dernière, ce qui est notable pour un secondeur de 240 lb… Après avoir enregistré 33 plaqués à sa première saison, il en a totalisé 100 à sa deuxième.
Jessie Bates III (demi de sûreté)
L’un des meneurs du club, Bates III fait assurément partie des 10 meilleurs demis de sûreté de la NFL. Pas vilain en couverture, il se démarque cependant par sa robustesse et par sa capacité à réussir ses plus beaux jeux au moment opportun. Bates III pourrait obtenir son autonomie cet hiver et devrait normalement être la priorité des Bengals avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes.
Chidobe Awuzie (demi de coin)
Awuzie s’est amené à Cincinnati l’année dernière après avoir disputé ses quatre premières saisons avec les Cowboys de Dallas. Il est le meilleur demi de coin du club et c’est probablement lui qui aura la difficile mission de couvrir Tyreek Hill, dimanche. Awuzie est particulièrement habile en couverture homme à homme.
Mike Hilton (demi de coin)
Comme Hendrickson et Awuzie, Hilton a été obtenu sur le marché des joueurs autonomes il y a un peu moins d’un an. Un ancien des Steelers de Pittsburgh, Hilton n’est pas imposant (5 pi 9 po et 184 lb), mais c’est un joueur robuste qui est également très instinctif. Il est souvent près de l’action et du ballon. L’un des bons demis de coin intérieurs (slot corners) de la ligue.
Author: Jennifer Pearson
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